En vacances en Béarn-Pyrénées cet automne, un site mystérieux niché au cœur des montagnes calcaires de Haute-Soule et du Barétous attire près de 16 000 touristes chaque année. A cheval entre le Béarn et lePays Basque, au pied du massif de la Pierre-Saint-Martin, la grotte de la Verna est la troisième plus grande cavité naturelle au monde. Une visite s’impose !
Depuis Oloron-Sainte-Marie, j’emprunte la route de Tardets, puis en direction de Licq-Atherey et Sainte-Engrâce. La petite route sinueuse longe la Gave de Sainte-Engrâce,la rivière Uhaitxa, dévoilant les paysages majestueux de la vallée entourée de montagnes boisées. Indiqué par des pancartes, un grand parking jouxte le bureau d’accueil du site de la Verna.
Le bureau d’accueil du site de la Verna
Outre les visites « Aventures » en mode spéléologie (mais accessible à tous), plusieurs formules de visites touristiques sont proposées : la visite « Découverte » d’une heure, la visite « Exploration Rivière » d’une heure trente et la visite « Exploration Sportive » de deux heures. J’opte pour cette dernière qui permet de sortir des aménagements touristiques pour une expédition au contact de la rivière souterraine dans la salle de la Verna. A ce stade, je n’ai encore aucune idée de l’aventure époustouflante qui m’attend !
Pierre, spéléologue et guide, briefe le groupe sur l’histoire de la découverte de la cavité
La visite commence au bureau d’accueil par un film succinct et par une rétrospective de l’histoire de l’exploration des abîmes de la Verna, intimement liée à l’évolution des techniques de spéléologie. Tout commence en 1950 par la découverte du gouffre Lépineux dans le massif de La Pierre Saint Martin, suivie de son exploration en 1951 par une équipe de spéléologues qui fut, à l’époque la plus grande descente verticale jamais réalisée (300 mètres).
Au cours des explorations, la mort accidentelle du spéléologue Marcel Loubens le 13 août 1952 marque les esprits. Je découvre plus tard la plaque commémorative en son hommageau cœur de la Verna. La gigantesque cavité fut atteinte avec succès le 13 août 1953 par les spéléologues Georges Lépineux, Jimmy Théodor, Daniel Eppely, Michel Letrône et Georges Ballandraux. Ils ignorent alors qu’ils viennent de découvrir la plus grande salle souterraine naturelle au monde (à l'époque).
En 1960, guidé par leurs relevés topographiques, EDF entreprend des travaux pendant plus de 4 ans pour y creuser un tunnel d’accès et capter la rivière souterraine qui traverse la Verna. Le projet hydroélectrique est rapidement abandonné mais le tunnel de 663 mètres de long, achevé, est une aubaine pour les spéléologues qui continuent d’explorer le réseau souterrain. C’est d’ailleurs par ce même tunnel que les visiteurs accèdent aujourd’hui à la salle de la Verna.
Après cette présentation historique émouvante et une explication captivante de la topographie du site, notre groupe embarque avec Pierre, guide et spéléologue chevronné, dans le minibus qui mène au site. C’est parti pour deux heures de visite palpitantes !
Le départ se fait depuis l'accueil au village de Sainte-Engrâce. Avant de pénétrer dans les entrailles de la terre, quelques précautions s’imposent. Chacun est chaudement vêtu, bien chaussé et équipé d’un casque muni d’une lampe frontale.
Des casques pour une visite en toute sécurité
L’entrée du tunnel
Pierre ouvre la porte qui donne accès au tunnel. Un vent glacial s’échappe du tunnel dans lequel nous nous engouffrons. La température ici n’excède pas 5 degrés, quelle que soit la période de l’année. L’aventure commence !
Nous parcourons près de 660 mètres de galeries partiellement éclairées avec la sensation de s’enfoncer dans les entrailles de la Terre. L’excitation est au rendez-vous…
Des galeries à perte de vue !
A l’issue de ce parcours, nous arrivons à destination. Nous éteignons nos lampes et plongeons dans l’obscurité la plus totale. « Ecoutez le silence, et avec mon écho, évaluez l’immensité des lieux » lance le guide avant de pousser un cri qui retenti à travers la salle. Dans ce noir profond, nous percevons le bruit des eaux souterraines qui s’infiltrent depuis les hauts plateaux calcaires situés à 2000m d’altitude.
La grotte de la Verna, spectaculaire
Sur la passerelle
La cavité est époustouflante !
Moment fort de la visite, Pierre allume ensuite l’éclairage. Nous découvrons la spectaculaire voûte souterraine de la Verna avec émerveillement. Avec un jeu de lumière féerique, les dimensions donnent le vertige : 255 mètres de long, 245 mètres de large,194 mètres de haut, une superficie de 4,3 hectares, un volume de 3,6 millions de mètres cubes ! Depuis la plateforme d’observation, nous contemplons cet univers minéral grandiose. Des mannequins, disposés tout autour du site, donnent une idée de l’échelle pharamineuse de cette salle d’effondrement dotée d’un dôme quasi parfait.
Les mannequins de taille humaine disposés dans la grotte
La plaque commémorative de Marcel Loubens
Par endroit, nous faisons halte pour observer une faune remarquable, unique au monde. En soulevant une pierre, notre guide nous invite à découvrir de petits coléoptères endémiques de la famille des Carabidae. Ces insectes, aveugles et dépigmentés, se sont adaptés à la vie dans l’obscurité au fil des millénaires.
Observation de la faune
Dans l’atmosphère de ce lieu magique, l’exploration et l’escalade jusqu’à la rivière souterraine dure deux heures. Quelle que soit l’option de visite que vous choisissez, cette véritable aventure dans les entrailles de la terre est à ne manquer sous aucun prétexte lors de votre séjour dans le Béarn ou dans le Pays Basque. Une expérience unique à vivre seul, en famille (avec des enfants à partir de 5 ans) ou entre amis !
Une expérience unique de l’exploration souterraine
A l’issue de cette journée mémorable, je me ressource à l’hôtel-restaurant familial « Etchemaïté »(Logis) dans le village de Larrau, tout proche. Au programme :un délicieux dîner aux saveurs locales et une bonne nuit de repos pour être en forme le lendemain et explorer les Gorges de Kakuetta.
Le restaurant «Etchemaïté » sert des produits du terroir
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Photos et Article rédigé par Lesley Williamson pour le Guide du Béarn-Pyrénées
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